LES MÉCONNUS

Retour en enfance

 

    Au salon DDessin, en mars, à Paris, David Supper-Magnou s'était distingué avec une oeuvre marquante, une grande composition citant l'Ophelia de John Everett Millais, peinture parmi les plus célèbre du préraphaélisme. Au lieu de flotter dans une quiète rivière, le personnage d'Ophélia gît dans une mare saturée de détritus. Techniquement maîtrisé, ce travail - et les quelques dessins qu'il exposait - révélait un artiste prometteur, jouant des références à l'histoire de l'art et portant un regard d'ironie mêlée d'inquiétude.

    À Bourges, il expose conjointement avec sa compagne et complice Camille Cathudal, dessinatrice et plasticienne issue elle aussi de l'école des beaux-arts locale. Dessins installations originales, détournements et réappropriations (image d'un épisode de « Strip-Tease », Tour de Babel de Brueghel l'ancien dessinée ou faite avec des bonbons Pez® ...), l'exposition prend le prétexte de l'enfance pour affirmer une approche créative ludique, surréalisante. Cela tient davantage de l'état des lieux que de l'aboutissement esthétique, mais l'évidente gaieté qui ressort les distingue des agélastes (« celui qui ne rit pas, qui n'a pas le sens de l'humour », expliquait Milan Kundera, réhabilitant le néologisme de Rabelais) dont notre époque est pleine.

 

    Mikaël Faujour

 

Pelouse interdite, galerie La Transversale, lycée Alian-Fournier, Bourges (18), sur rendez-vous. contact.latransversale@gmail.com. Jusqu'au 28 novembre.

 

18 octobre 2019, Marianne - n°1179, page 71.